Djihadisme, agression d’un couple juif à Créteil, et l’arnaque du « choc des civilisations »

Depuis la fameuse « affaire Merah » et la tuerie du musée juif de Bruxelles, nous commençons à être habitués aux affaires impliquant des islamistes européens dans ce genre d’évènements. Cette fois, les agresseurs ne se sont pas revendiqués du djihadisme, mais l’affaire a été présentée comme si c’était le cas : un couple juif a été agressé par quatre personnes, parce qu’ils étaient juif. Une fois de plus on ne peut que se poser des questions sur ces succession de faits plus que troublants, intervenant « par hasard » au moment où la reconnaissance de l’Etat Palestinien est à l’ordre du jour.

Lors des affaires précédentes, il faut le souligner, les agresseurs étaient des djihadistes. Celui de la tuerie de Bruxelles était parti combattre en Syrie, et comme Mohammed Merah, entretennait des liens suspects avec les services secrets de l’Etat français, qui rappelons-le soutient officieusement depuis le début les opposants au régime Syrien, y compris les djihadistes.

La thèse formulée par les médias dominants a été que premièrement ce meurtre témoigne de la montée de l’antisémitisme en France. Et que cette dernière est liée aux organisations proches d’Alain Soral et de l’humoriste Dieudonné.

Cette thèse reflète parfaitement les intérêts de la classe dominante qui veut pousser les classes populaires françaises à une guerre civile ethnico-religieuse pour sapper la révolte sociale, elle a donc créé un ennemi intérieur. Elle continue ainsi dans sa stratégie de « choc des civilisations » dans laquelle « l’occident » est en guerre contre les barbus djhiadistes, pourtant armés et financés directement par ce même occident via la CIA notamment, d’abord contre l’empire soviétique dans les années 1970, puis aujourd’hui utilisés en Afrique et au Moyen Orient pour déstabiliser des régions entières et justifier ainsi l’intervention dans ces zones stratégiques et empêcher des pays comme la Chine de s’y implanter : « Boko Aram », « Aqmi », « Etat islamique », etc… participent tous à cette entreprise de déstabilisation qui vise à maintenir le contrôle des « ex »-colonies par les impérialismes déclinants d’Europe et d’Amérique. Voilà pour l’ennemi « extérieur ».

isis-iraq

La réalité est que l’antisémitisme n’est pas un fait nouveau, ni en France, ni en Europe. Nous devons rappeler ce fait, car il est clair que Dieudonné n’est pas responsable de la « montée de l’antisémitisme ». Bien plus, des personnes comme Jacques Attali, ou Bernard Henri Lévy, par leur attitude, leur comportement, leurs positionnements mais surtout leurs propos privés scandaleux, ne font que confirmer les pires caricatures du « juif » tel que le décrivent les antisémites, et pire que ça, loin d’être responsable directement de cela, l’affaire Dieudonné a révélé les liens scandaleux entre les associations de la communauté juive et les « représentants » de l’Etat français, contribuant bien plus à la montée de l’antisémitisme que tous les sketchs de Dieudonné. Accuser un humoriste d’être à l’origine de l’antisémitisme par ses sketchs, c’est une analyse idéaliste, typique de la bourgeoisie. En effet si les « mauvaises idées » venaient d’un gourou ou d’une personne mal-intentionnée (ou d’un « esprit malin » come disait Descartes…), alors il suffirait de s’en débarasser, et tous les problèmes seraient réglés. Or ça n’est pas de ça qu’il s’agit. Les insulteurs des médias dominants, se sont-ils une minute posés la question de pourquoi tant de personnes allaient voir les sketchs de Dieudonné ? Pourquoi tant de personne sont prêtes à le soutenir financièrement, spontanément, et pourquoi il provoque autant d’adhésion ; si ce n’est à cause du lien de plus en plus visible entre l’Etat français et la communauté juive via les diners du CRIF et les liens de plus en plus visibles avec les néo-conservateurs dont des années et des années de propagande sur fond de « choc de civilisations » n’ont cessé d’insulter quotidiennement le peuple français, et en particulier celui issu de l’immigration africaine, mais aussi d’organiser un subtile racisme institutionnalisé (« SOS racisme ») confortant les discriminations raciales et les divisions au sein du prolétariat, mais aussi dans la « classe moyenne ».

Bernard-Henri Lévy in Kiev on Maïdan squareBHL à Kiev, février 2014

Enfin, qui contribue le plus à cette montée de l’anitsémtisme ? Bernard Henri Lévy, en déplacement en Ukraine, donnait, dans un discours son soutien total au gouvernement fasciste de Kiev, qui s’appuie sur des partis ouvertement antisémites et nazis. Ou encore lorsqu’il soutient l’opposition syrienne qui est comme chacun sait presque entièrement composée d’islamistes. Et que dire de ce soutien sans faille à l’Etat d’Israël, qui pourtant est le premier Etat d’apartheid du monde, qui au nom de la supériorité de la race du peuple élu se permet d’agresser quotidiennement les populations civiles « non-juives » et se permet toutes les dérives fascistes sous prétexte d’avoir été vicitime de la « shoah » il y a 70 ans.

Plus récemment, le front national, historiquement antisémite, prend finalement parti dans le conflit religieux, et s’est aligné sur la politique du « choc des civilisations » en accusant lui aussi les masses du prolétariat musulman issues de l’immigration d’être de potentielles fondamentalistes barbares. Cette vision du monde fantasmée, mais mise en pratique par l’ignoble Etat français, a pour but également de criminaliser les classes populaires, justifiant ainsi la surveillance généralisée d’internet, au nom de la lutte contre le djihadisme, alors que nous savons tous qu’il s’agit d’un épiphénomène (quelque centaines de personnes fanatisées), et que le véritable but est de priver le peuple de moyens de résistances par des lois sécuritaires. Nous communistes, devons donc expliquer clairement que les raisons de l’abrutissement religieux sont des raisons d’aliénation économique quotidienne. D’aucune façon nous n’approuvons ceux qui accusent qui que ce soit d’être un ennemi intérieur pour sa religion. Et nous devons être capable d’unir nos forces avec un front le plus large possible pour lutter contre le risque fasciste réel que représente ceux qui cherchent à semer une guerre ethnico-religieuse, les fascistes les plus dangereux qui soient.

Tout comme la décapitation récente de journalistes, cette affaire sent la manipulation, qui a pour but de créer les germes d’une guerre en France et de justifier l’injustifiable, nous ne devons pas être dupes de ce jeu malsain auquel se livrent les sbires de l’oligarchie. Toutes ces hypocrisies doivent être mises à nues. Est-il seulement nécessaire de rappeller que nous, communistes, condamnons l’antisémtisme ? Et c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas tolérer la mise en place d’une guerre civile ethnio-religieuse en France. La position des communistes sur cette question était résumée par Lénine en 1905 :

« La bourgeoisie réactionnaire a partout eu soin d’attiser les haines religieuses – et elle commence à le faire chez nous – pour attirer de ce côté l’attention des masses et les détourner des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux, problèmes que résout maintenant le prolétariat russe, qui s’unit pratiquement dans sa lutte révolutionnaire. Cette politique réactionnaire de morcellement des forces prolétariennes, qui se manifeste aujourd’hui surtout par les pogromes des Cent-Noirs, trouvera peut-être demain des mesures plus subtiles. Nous lui opposerons dans tous les cas une propagande calme, ferme, patiente, qui se refuse à exciter des désaccords secondaires, la propagande de la solidarité prolétarienne et de la conception scientifique du monde.
Le prolétariat révolutionnaire finira par imposer que la religion devienne pour l’État une affaire vraiment privée. Et, dans ce régime politique débarrassé de la moisissure médiévale, le prolétariat engagera une lutte large et ouverte pour la suppression de l’esclavage économique, cause véritable de l’abêtissement religieux de l’humanité. « 

Pour cette raisons, nous, communistes, condamnons ces agressions antisémites comme manipulations probable de l’Etat français, nous condamnons la bourgeoisie réactionnaire qui cherche à provoquer une guerre de religion en France et nous appelons à soutenir en front ceux qui par leur action s’opposent à ces tensions volontairement provoquées dans le but d’attiser la haine, ceux qui cherchent à tout prix à diviser le prolétariat dans une période où au contraire nous devons plus que jamais nous préserver d’une guerre à laquelle seule la bourgeoisie aurait en réalité intérêt. Nous savons que, par sa position privilégiée en déclin, la classe ouvrière et la petite bourgeoisie sont dans une situation qui pourrait les pousser à se ranger derrière une union sacrée de type fasciste au nom de la lutte contre le terrorisme. Seul un travail constant et réfléchi envers les éléments les plus avancés des organisations de ces classes nous permettra de couper l’herbe sous le pied au fascisme qui se nourrit de ce genre « d’affaires » pour rallier à lui tous les désemparés en déclassement qui sont en train d’être montés contre le prolétariat pauvre et le prolétariat issu de l’immigration.

Rédigé par Jango, 08/12/2014

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